- 15 mars 2019
- Les exclus de Theatre in Paris
- Anna Livesey
Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, plus connu sous le nom d'Oscar Wilde est un écrivain aussi réputé pour sa flamboyance légendaire que pour les fruits de son imagination littéraire. Né en Irlande en 1854, Wilde a écrit quelques-unes des plus belles pièces, fictions et essais du XIXe siècle, dont certaines des plus mémorables punchlines de l'époque. Pour donner un exemple de ces répliques, voici comment il interprète sa présence ironique dans la haute société victorienne : "Je ne voyage jamais sans mon journal intime: il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train". Si ses contemporains ont considéré les péripéties de la fortune de Wilde comme sensationnelles, ou hautement scandaleuses, son histoire a inspiré un siècle de ferveur. Qu'est-ce qui, dans la vie et l'œuvre de cette légende littéraire, fait que la lecture soit si étincelante ?
Oscar Wilde Memorial Sculpture, Dublin
Débuts époustouflants
Souvent considéré à tort comme un écrivain oh-so anglais en raison de sa proéminence dans les milieux littéraires londoniens et de son éducation à Oxford ; Wilde est en fait né à Dublin. Son père, sir William Wilde, était un docteur acclamé qui obtint un titre de chevalier pour ses contributions à la médecine irlandaise; et sa mère, Jane Elgee, poète et écrivaine nationaliste passionnée. Avec ce patrimoine prometteur comme toile de fond, le jeune Oscar est devenu un élève brillant et studieux, se classant au sommet de son école et remportant une bourse prestigieuse pour étudier à la principale université d’Irlande, le Trinity College Dublin.
Une flamboyante silhouette émerge
Ce n’est qu’à son deuxième diplôme à l’université d’Oxford, cependant, que Wilde commence à cultiver son image de dandy flamboyant que sa société aimait détester. Pendant sa licence, il s’intéresse à l’Esthétisme, un mouvement théorique soutenant que la beauté devrait être la quête principale de l’art et de la littérature, plutôt que tout programme politique ou social. Une fois diplômé, il entreprend une tournée aux États-Unis pour donner des conférences sur le sujet, et c’est là que sa notoriété monte en flèche. Tout comme son goût pour les vêtements extravagants : une veste en velours et un combo de bas en soie deviennent la silhouette signature du jeune intellectuel.
Comédie et corruption : l’œuvre de Wilde
Wilde a écrit la majorité de son oeuvre entre 1888 et 1895. De ces sept années de création prolifique sont nées quatre pièces de théâtre, trois collections de contes pour enfants, pluieurs essais, et un seul roman, Le Portrait de Dorian Gray. Aujourd'hui considéré comme un des chefs d'œuvres de la littéraire victorienne, la publication du roman en 1891a pourtant soulevé une vague d'indignation. Ses lecteurs furent scandalisés par l’immoralité présumée du "livre empoisonné". Ce dernier raconte l'histoire de Dorian Gray, un jeune égoïste doté d'une rare beauté, qui sombre dans une spirale hédoniste. Les sous-entendus homoérotiques n'ont pas joué en faveur de l'auteur qui n'a pu publiersa sinistre étude de la vanité humaine qu'après d'importantes révisions.
Wilde en procès
Au moment où un Dorian Gray censuré a atteint les yeux du public victorien, l'homosexualité de Wilde était largement connue ; et encore plus largement désapprouvée. Lors de la première de sa pièce préférée, L'Importance d'être Constant, les scandales qui l'entourent ont atteint leur paroxysme. En colère contre la relation amoureuse naissante entre l'écrivain et son fils, Lord Alfred Douglas, le marquis de Queensberry avait l'intention de leur faire honte pour mettre fin à leur relation. Le 18 février 1895, il accuse, dans une lettre ouverte, l'écrivain de sodomie, un crime punissable à l'époque. Quinze semaines plus tard, à l'issue d'un procès très sensationnel qui allait décimer la réputation de Wilde et le laisser en faillite, l'écrivain est condamné à deux ans de travaux forcés et est emprisonné.
Dernières années à Paris
Le Wilde qui sort de prison est l'ombre d'un ancien homme vibrant. Brisé dans son esprit et sans le sou, il s'enfuit en France et passe le reste de ses jours à vivre dans la misère dans des chambres d'hôtel payées avec de l'argent emprunté à des amis. Il mourra trois ans seulement après avoir été libéré. Mais même sur son lit de mort, l'écrivain a réussi à rassembler une partie de cet humour breveté Wilde. Confiné dans sa chambre d'hôtel de Saint-Germain-des-Près et en proie à la méningite, il a plaisanté : "Mon papier peint et moi nous livrons un duel à mort. L'un ou l'autre de nous va devoir s'en aller". Ce sera le dernier one-liner d'Oscar Wilde.
Découvrez la vie d'autres légendes littéraires dont les pièces ont été jouées à Paris :
- Aperçu de la vie de Victor Hugo
- Regard sur la vie de Molière
- Dramaturges français célèbres d'hier et d'aujourd'hui