Edmond Rostand : une légende poétique

Figure emblématique, père de l’écriture créative et romantique, Edmond Rostand connut un immense succès alors qu’il était encore très jeune. Sa plus grande pièce, Cyrano de Bergerac, fut immédiatement reconnue comme un chef-d’œuvre. Il était âgé de 29 ans seulement. Il écrivit énormément tout au long de sa vie et s’est toujours battu pour ce qu’il avait de plus cher : l’écriture. Même dans les moments les plus durs, il n’abandonna jamais. Il reçut de nombreuses critiques et, jalousé par certains de ses paires, il sombra dans la dépression, mais écrivit une nouvelle pièce de théâtre qui impressionna le public. Son impact international est si fort qu’il est toujours joué dans des théâtres du monde entier 126 ans après. Notre pays et chacun de nous, Français, sommes toujours fiers d’avoir compté dans nos rangs un talent aussi immense que fut le sien.

The early life of a prodigy

Bien qu’il commençât à connaitre la gloire à Paris, Edmond Eugène Joseph Alexis Rostand naquit à Marseille en 1868. Il grandit dans une famille aisée ; son grand-père étant maire de Marseille, cela lui procurait quelques avantages. Le père d’Edmond était un économiste couronné de succès, mais c’est la poésie qui l’inspira dès le plus jeune âge et il écrivait déjà quelques poèmes. De là naquit la passion d’Edmond, qui l’anima pour le reste de sa vie. Eugène, le père d’Edmond, voulait qu’il poursuive sa carrière dans le droit et paya ses études au collège Stanislas à Paris. Il obtint son diplôme mais comprit vite que seule la poésie comptait ; il décida alors de poursuivre ses rêves. Contrairement à son père, il ne perdit jamais de vue ce qui l’inspirait dans la vie.

Après ses études, Edmond rencontra l’amour de sa vie, Rosemonde Gérard, qui devint sa femme ; elle partageait avec lui cet amour de la poésie.

Sur la voie du succès

Edmond écrivit sa première pièce intitulée Le gant rouge en 1888, qui fut représentée au Théâtre Cluny. Il reçut peu de reconnaissance mais ne renonça point et écrivit la pièce Les deux pierrots ou le souper Blanc qui captiva les spectateurs de la prestigieuse institution de la Comédie-Française.

Cette dernière permit à Edmond Rostand de s’épanouir et il fut une nouvelle fois encensé par les membres de l’auditoire après la représentation de sa pièce Les romanesques en 1984, une pièce originale bien loin des autres pièces de l’époque, qui fit souffler un vent de jeunesse et de modernité sur le théâtre français. Les Romanesques suit une trame assez similaire à celle de Roméo et Juliette, mais à la différence du chef-d’œuvre de Shakespeare, la pièce de Rostand s’achève dans la joie. Le public en voulait plus. Cette pièce charnière de l’œuvre de Rostand est encore jouée, de temps à autre, pour notre plus grand plaisir.

Chute et dépression

Après le succès des Romanesques, Edmond Rostand souhaita améliorer l’image du théâtre en écrivant une pièce plus sérieuse, La Princesse Lointaine, qui ne rencontra pas le même succès. Il fut sévèrement critiqué pour son travail : on attendait de lui quelque chose de différent, mais dans l’esprit des Romanesques. Cette pièce en avance sur son temps aurait dû être un succès, surtout que Sarah Bernhardt, l’artiste en vogue de l’époque, tenait le rôle principal : mais cela ne fut pas suffisant. Tristement, le public français de ce siècle n’appréciait pas les drames profonds et les batailles par amour.

À l’instar de nombreux poètes, après avoir subi le rejet violent d’une œuvre sur laquelle il avait tant travaillé, Rostand sombra à nouveau dans la dépression. Durant quelques temps, il n’écrivit aucun poème ni aucune pièce. Sarah Bernhardt n’était pas la seule à soutenir La princesse lointaine, elle impressionna également ses amis et notamment un certain Constant Coquelin, qui demanda à Edmond Rostand de lui offrir un rôle dans l’une de ses pièces. Cette idée l’inspira et il écrivit l’une des plus belles et plus célèbres pièces de sa vie, Cyrano de Bergerac.

Cyrano de Bergerac 1950s

Une légende nommée Cyrano

Jusqu’à nos jours, Cyrano de Bergerac est encore et toujours jouée dans des théâtres partout dans le monde, et dès sa première en 1897, la pièce est devenue un succès fulgurant international et fut traduite dans plusieurs langues. Cyrano de Bergerac est un personnage inspiré d’un des héros d’enfance de Rostand, l’écrivain du XVIIe siècle Savinien de Cyrano de Bergerac. Constant Coquelin était la personne parfaite pour jouer ce rôle. Cyrano, beau par l’esprit et laid par le corps est un personnage attachant et fascinant. Reconnaissable à son nez disproportionné, il aime en secret Roxane, une jeune femme d’une grande beauté. Mais Roxane, elle, aime Christian, certes moins intelligent et moins poétique que Cyrano mais plus beau. Homme au grand cœur, Cyrano met alors sa plume, sa voix et son esprit au service de la beauté de Christian, renonçant à exprimer son amour pour Roxane. L’intrigue a immédiatement captivé les spectateurs venus à la première. Dès le rideau tombé, ils affirmaient ne jamais avoir vu une pièce de ce genre et qualifiaient Rostand de dramaturge de génie. Presque immédiatement, Cyrano de Bergerac a embrassé le succès qu’on lui connaît. Elle consacra le travail de Rostand et lui valut reconnaissance et récompense, dont la Légion d’honneur. Sa vie venait de changer pour toujours.

Edmond in Cambo-Les-Bains

Spanish Influenza Tragedy

Fin de vie

Sous pression pour qu’il écrive d’autres histoires enchanteresses, Rostand s’affaiblit et tomba malade. Il commença à douter de sa propre créativité, il pensait qu’il était difficile, voire presque impossible de faire mieux que Cyrano. On découvrit alors qu’il souffrait de pneumonie et de pleurésies (inflammation pulmonaire). Les médecins lui conseillèrent de se reposer et de se tenir loin de tout ce qui pouvait lui provoquer du stress.

Il décida de partir vivre à la campagne, à Combo-Les-Bains. Goûtant enfin au repos et au calme, entouré de sa femme et de ses deux enfants, Edmond Rostand regagnait de la force. Cette campagne lui rappelait celle de son enfance et toute la joie qu’il ressentait à l’époque. Mais cela ne devait pas durer.

Les plus fervents admirateurs de Rostand ne voulaient point le laisser en paix et au nom de ses immenses qualités littéraires, il prit place sur l’un des prestigieux sièges de l’Académie française (petite anecdote amusante : trois ans lui furent nécessaires pour écrire son discours de réception !). Quelques années plus tard, le 2 décembre 1918, Edmond Rostand mourut de la grippe espagnole. Il avait 50 ans.

Edmond et la maison de tout le monde

Sa maison de Cambo-Les-Bains, dont il a construit de ses propres mains certaines pièces, est désormais un musée. Ouverte au grand public, on pourrait dire que sa maison est la nôtre. Avec ses toiles intactes, ses décorations authentiques datant des années 1800 et toutes ses histoires, la magnifique demeure d’Edmond Rostand raconte à sa manière la vie de cet écrivain de génie.

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