L'histoire des applaudissements

  • 19 avril 2018
  • Les exclus de Theatre in Paris
  • Amanda Mehtala

Blog mis à jour le 5 août 2025.

Pourquoi applaudit-on au théâtre ?

Saviez-vous que nos mains, en pleine frénésie d’enthousiasme, peuvent claquer entre 2,5 et 5 fois par seconde ? Oui, nos petites mimines sont de vraies percussions humaines !

C’est probablement le son non-verbal le plus émis par l’être humain, juste après les soupirs en réunion et les éternuements dans le métro.

Plus sérieusement, c’est un geste profondément social, une explosion sonore collective d’approbation, d’admiration ou simplement de joie – que ce soit devant une scène, un discours, un tour de magie ou même un gâteau réussi.

Mais d’où vient cette envie irrépressible de se frapper les mains l’une contre l’autre pour dire « J’adore », « Je trouve ça génial » ? Pourquoi le faisons-nous, et surtout, pourquoi tout le monde comprend ce langage instantanément, partout sur la planète ?
Allez, entrez avec moi dans les coulisses du plus universel des langages silencieux : l’histoire fascinante des applaudissements !

people clapping history applause

Une action primitive

Applaudir, aussi spontané que cela puisse paraître, est en réalité un réflexe plutôt... primitif. Eh oui, à l’origine, on tapait des mains en réaction à une excitation — un peu comme un cri de joie tactile. Mais ne vous méprenez pas : derrière ce geste bruyant se cache un phénomène social bien plus complexe (et bien plus bruyant aussi).

Une étude récente a révélé un petit secret de coulisses : quand on applaudit, ce n’est pas forcément parce qu’on a été transporté par la qualité du spectacle. Non, non. C’est souvent davantage une affaire de dynamique de groupe. On applaudit parce que tout le monde le fait. Loin de nous l’idée d’être le seul coincé les bras croisés au milieu d’un océan de mains en furie !

Avouez-le : vous avez déjà entendu (ou prononcé) cette phrase mythique — « J’ai applaudi par politesse… ». Et qui n’a jamais tapé des mains sans trop savoir pourquoi, simplement parce que la foule semblait avoir capté quelque chose de génial qu’on a, nous, visiblement raté ?

Rassurez-vous, votre secret est bien gardé. On ne vous jugera pas… tant que vous continuez à applaudir nos blagues.

Les applaudissements à l’Antiquité

Contrairement aux mots, l’applaudissement a un superpouvoir : il est universel, bruyant et surtout… anonyme. Dans une foule, vous pouvez taper dans vos mains comme un chef d’orchestre en trance, sans que personne ne puisse vraiment deviner si vous êtes un adolescent en sweat ou un grand-père en gilet tricoté. Le sexe, l’âge, l’origine ? Tout ça disparaît dans le vacarme harmonieux des paumes qui s’entrechoquent.

C’est peut-être pour ça qu’on dit que les applaudissements sont plus démocratiques. Tout le monde peut frapper dans ses mains — alors que taper du pied fait un peu rebelle, claquer des doigts demande un certain style (et une souplesse digitale non négligeable), et crier « bravo » peut vite tourner au drame vocal. L’applaudissement, lui, c’est l’égalité sonore par excellence.

Déjà au VIe siècle avant J.-C., Clisthène, grand réformateur d’Athènes, s’est retrouvé face à un problème : comment savoir si la foule approuvait son chef préféré, quand celle-ci était trop nombreuse pour le dire à voix haute ? Facile : qu’ils applaudissent tous en même temps ! Ainsi est née l’idée de ce « oui collectif » sans parole, exprimé par les mains. Une sorte de sondage express avant l’heure.

Et parce que l’humain est un être ingénieux — et parfois un peu manipulateur — on a vite trouvé un moyen de trafiquer les réactions du public. C’est au IVe siècle avant J.-C. qu’apparaît une figure devenue légendaire : le claqueur. Ces pros de l’émotion étaient engagés pour applaudir, rire, pleurer (voire s’évanouir si besoin) aux moments stratégiques des pièces de théâtre. À Athènes, où la compétition entre comédiens était plus intense qu’un match de boxe antique, les claqueurs étaient les armes secrètes pour remporter le prix de la meilleure performance.

Et cette « influence sonore » a vite dépassé les planches. Dans la Rome antique, les claqueurs se sont invités dans la politique, les tribunaux et même les salons privés. Et que dire de l’empereur Néron ? Il ne faisait rien à moitié : il a fondé une école officielle d’applaudissements, avec une armée de claqueurs composée de milliers de soldats… tout ça pour le suivre dans ses tournées artistiques et l’acclamer à la moindre note jouée. On vous laisse imaginer l’ambiance !

Les applaudissements au XVIIIe siècle

Ah, la France ! Terre de gastronomie, de philosophie… et de claqueurs professionnels. Eh oui, l’art de l’applaudissement organisé a trouvé en France une terre d’accueil particulièrement fertile. Dès le XVIIIe siècle, la claque devient une véritable institution dans les théâtres parisiens — au point d’être aussi attendue que le lever de rideau.

Mais attention, ici on ne parle pas de trois copains motivés dans le fond de la salle. Non, il s’agissait d’un corps structuré, presque militaire, d’influenceurs avant l’heure, spécialisés dans la manipulation émotionnelle en direct live. Les claqueurs étaient rémunérés en billets gratuits (et parfois en monnaie sonnante et trébuchante) par les acteurs ou les productions pour venir applaudir à tout rompre… ou verser une larme bien placée.

C'était une véritable orchestration des réactions : certains avaient pour mission de rire bruyamment aux moments censés être comiques (même si l'humour était douteux), d’autres étaient préposés aux soupirs mélancoliques et aux mouchoirs dégainés pile à temps. Il y avait même des claqueurs dont le rôle était de lancer des commentaires élogieux à voix haute pendant la pièce, histoire de chauffer le public comme un hype-man de la Comédie-Française.

Ce n’était plus du théâtre, c’était de la mise en scène dans la salle. Le public lambda n’avait souvent aucune idée de ce qui était sincère ou soigneusement scénarisé. Un peu comme aujourd’hui… avec les stories Instagram.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les claqueurs professionnels ont tiré leur révérence, et dans les théâtres parisiens, les applaudissements sont (enfin) devenus sincères – nourris, spontanés, et (souvent) mérités. Mais ne vous y trompez pas, le fantôme de la claque hante encore discrètement certains coins de notre paysage culturel…

Sur les plateaux télé et dans les émissions de radio, on retrouve les vestiges de cette tradition sous une autre forme : les fameux panneaux « APPLAUDISSEZ ! », brandis au bon moment pour encourager le public à participer avec enthousiasme, même s’il ne comprend pas toujours pourquoi. Et bien sûr, les rires et applaudissements préenregistrés, ces acrobaties sonores insérées au millimètre pour nous faire croire que tout est hilarant et merveilleux. Une claque 2.0, en somme !

Mais attention, applaudir n’est pas un geste à faire n’importe quand, n’importe où. Il existe une véritable étiquette du clap-clap. Par exemple, il est tout à fait normal — voire attendu — d’applaudir un homme politique dès son entrée sur scène, avant même qu’il ait ouvert la bouche (parfois, c’est le meilleur moment du discours, qui sait ?). En revanche, dans un cadre religieux, les applaudissements sont rares, voire perçus comme déplacés.

Au théâtre, pas question de s’emballer au milieu d’une scène tragique – sauf si vous voulez vous faire fusiller du regard par vos voisins. À l’opéra, en revanche, les bravos fusent dès la fin d’un air virtuose, parce que reconnaître l’effort surhumain d’un contre-ut bien tenu, c’est la moindre des choses. Et parfois, quand l’enthousiasme devient irrésistible, l’applaudissement se transforme en ovation debout — la version standing du « chapeau bas ».

Ce qui est fascinant, c’est de constater à quel point ce geste si simple est devenu une norme sociale, presque automatique. Applaudir n’est plus seulement un réflexe collectif ou un outil de manipulation orchestrée par les coulisses ; c’est une attente culturelle, un rituel de clôture, une manière de dire ensemble : « On a aimé, on a partagé, et maintenant, on salue. »

Alors oui, c’est fou de penser que deux mains qui se rencontrent puissent exprimer autant : la joie, l’admiration, la reconnaissance, et même la pression sociale.
Si ça, ce n’est pas une belle histoire digne d’un tonnerre d’applaudissements…

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