Une journée de répétition typique avec le ballet de l’Opéra de Paris : un regard exclusif

  • May 20, 2022
  • Theatre in Paris exclusives
  • Christophe Duranstanti et Angela Spidahl

Avez-vous déjà été invités à un cours de danse de l’Opéra de Paris ?

Eh bien, chez Theatre in Paris, nous avons eu l’opportunité d’assister à l’« entraînement des danseurs » comme il est indiqué sur le billet, et nous tenions à vous faire partager cette expérience.

Car, oui, il y a bien eu des billets numérotés qu’il nous a fallu présenter à l’entrée de l’Opéra Garnier comme un jour normal de représentation. À ceci près que l’horaire était en matinée… et quand nous disons matinée, nous n’entendons pas ici le terme de théâtre qui désigne une représentation qui se joue l’après-midi, mais bien la matinée… celle qui correspond peu ou prou à cette période de la journée pendant laquelle de très nombreuses personnes se rendent au travail.

Le cours de danse a bel et bien commencé à 10 h 30. Et alors que la place de l’Opéra commençait à être entièrement illuminée par les rayons du soleil, que de nombreux parisiens allongeaient le pas sur les trottoirs pour gagner leur bureau, que l’avenue de l’Opéra commençait à être envahie par la circulation, nous avons pénétré dans l’enceinte, à la lumière mordorée, du fameux et très baroque édifice inauguré en 1875 : l’Opéra de Paris.

Le tumulte de l’avenue et de la place s’est estompé pour laisser libre cours au silence, un silence bruissant des pas de milliers de spectateurs venus profiter, un soir, d’une représentation mémorable.
Nous avons gravi le Grand escalier, véritable prouesse architecturale, les yeux levés au plafond où l’or et les stucs le disputent sublimement à l’Antiquité en invitant le visiteur à l’Art… avec fastes.
Puis, nous sommes restés dans le petit hall peu décoré (comme fait exprès !) pour ensuite pénétrer dans la grande salle, si rouge et si fameuse, au plafond peint par Marc Chagall avec des couleurs vives et son immense lustre.

Sur la scène baignée d’une lumière blanche, les danseurs en tenue décontractée s’étiraient les jambes, les bras, tournaient leurs têtes lentement, se laissaient aller à quelques écarts, les deux mains sous le menton, levaient les jambes haut vers le plafond avec une confondante facilité. Disposés le long de quatre rangées de barres, danseurs et danseuses ne laissaient paraître aucun effort et discutaient entre eux sourire aux lèvres dans un abandon à leur art réjouissant. Disposé à côté de la scène, le piano noir et luisant était presque invisible et c’est même avec une certaine surprise que nous avons vu quelqu’un s’assoir derrière le clavier, presque immédiatement rejoint par le professeur de danse. C’est là que la magie a opéré et que Terpsichore, la nymphe de la danse, a semblé plus réelle que jamais.

Alors que le professeur donnait des indications de pas précis, les doigts du pianiste ont délivré pour commencer des Nocturnes de Chopin et de petits airs éthérés de Schumann. Les bras, les jambes, les corps affutés et gracieux, se mouvaient dans un bel ensemble, créant un équilibre parfait sur la scène de l’opéra. L’équilibre était rendu par le face à face des danseurs de chaque côté de la barre, l’un étant de dos, alors que l’autre faisait face à la salle. Et puis, dans un mouvement plein de grâce, chacun se tournait dans la direction inverse. Au fur et à mesure du cours, les indications données par le professeur ont semblé se complexifier et le rythme imposé par le piano s’est accéléré. La chorégraphie des mains a devancé celle des corps, les danseurs agitant et pointant leurs mains d’un côté et de l’autre pour mieux mémoriser les pas demandés.

Tout à coup, comme par enchantement, les barres sur lesquelles s’appuyaient les danseurs se sont volatilisées dans les coulisses et la scène a laissé place à tous les danseurs qui, par groupes de moins en moins nombreux, ont exécuté des chorégraphies toujours plus complexes. C’est ainsi que vingt danseurs, puis dix, puis trois, puis deux, ont pu nous montrer l’étendue de leurs talents. Des piqués, des jetés, des arabesques, des pas de bourrée, des cabrioles, des pas chassés, des enveloppés se sont succédé à un rythme toujours plus saccadé pour culminer par une ronde en duo de grands jetés à l’italienne. Voilà bien un cours de danse incroyable qui n’a semblé durer que quelques minutes ! Toute la beauté et la souplesse des corps, la grâce des attitudes, d’un mouvement de main, l’étirement d’une nuque…

Cette saison, il est possible, et même recommandé, de venir découvrir les danseurs de l’Opéra de Paris dans des œuvres fortes et poétiques telles que Kontakthof de Pina Bausch, le Lac des cygnes de Rudolf Noureev, les chorégraphies d’Alan Lucien Øyen, George Balanchine, Bobbi Jene Smith, Wayne McGregor, Maurice Béjart, Kenneth MacMillan et Carolyn Carlson.

Terpsichore… continue ton travail… Tu nous gâtes !